Trump : vers l'infini et l'au-delà ?
- Pauline Bluteau
- 13 avr. 2017
- 3 min de lecture

Mais jusqu'où va-t-il aller ? Chose promise, chose due, Donald Trump n'en n'a pas fini avec ses lois controversées. Cette fois, ce n'est plus le « muslim ban » mais l' « extreme vetting » qui fait débat aux États-Unis. Entre violation des libertés et attaques envers ses alliés, Trump est bien parti pour se mettre le monde entier à dos.
Il en était déjà question pendant sa campagne électorale, le nouveau Président américain poursuit ses efforts contre le terrorisme. Et pour une fois, ce n'est ni la couleur de peau, ni les origines ou la religion qui sont mis au ban de la société mais bien tous les étrangers. L' « extreme vetting », ou contrôle extrême, concerne 38 pays dont la France, le Royaume-Uni, l'Australie ou encore le Japon. Le but : comme son nom l'indique, contrôler tous les voyageurs étrangers, de la tête aux pieds, et plus si affinité. Les étrangers ne devront pas seulement montrer pâte blanche dans leurs valises mais aussi dans leurs téléphones. Tout sera épluché par les autorités américaines : contacts téléphoniques, mots de passe sur les réseaux sociaux et sur les données bancaires. Tout y passera. « S'ils ne veulent pas communiquer ces informations, ils ne rentreront pas », a affirmé John Kelly, secrétaire à la sécurité intérieure.
Tests idéologiques en supplément
Mais remettre son téléphone aux autorités ne suffira pas. Pour les demandeurs de visa, il ne faudra surtout pas être pressé de partir s'installer aux États-Unis. D'après le Wall Street Journal, ils devront répondre à un test idéologique, avec des questions sur les crimes d'honneur, ou encore sur le traitement des femmes,... Du jamais-vu depuis la Guerre Froide. Les demandeurs de visa devront également fournir leurs adresses internet et détailler leur usage des réseaux sociaux sur les cinq dernières années. Cette méthode est une vraie nouveauté. Auparavant, les visas des pays « alliés » n'étaient pas indispensables. Il suffisait simplement d'obtenir une autorisation électronique. Oui mais voilà, avec Trump, les règles du jeu sont sur le point de changer.
Et les libertés dans tout ça ?
Aux États-Unis, pas besoin de l'approbation du Congrès pour adopter un décret. Dernière épreuve donc, pour Donald Trump, être en conformité avec la loi. Et c'est là tout le problème. Ce qui aurait pu être LA bonne idée ressemble plutôt à une violation des libertés. A la fois des libertés fondamentales et de la vie privée, le décret est anti-constitutionnel. Le quatrième amendement de la Constitution américaine garantit la vie privée et la dignité contre l'intrusion injustifiée de l’État pour tous les citoyens sur le sol américain. Il y a quelques mois, la Cour suprême américaine avait déjà fait barrage à un décret anti-immigration au nom du respect de la vie privée et de la liberté d'expression.
Autre difficulté, l'impact sur les voyages d'affaires. Et cette fois, en plus de la Constitution, un autre texte de loi vient freiner les ambitions du Président américain : le judicial redress act. Depuis l'année dernière, il protège les données des entreprises européennes. Le décret est donc en mauvaise posture à la fois pour les citoyens et pour les sociétés étrangères.
Une efficacité à nuancer
D'après les opposants, ce décret serait loin d'être efficace. D'une part parce que de plus en plus d'attaques terroristes viennent des américains eux-mêmes et d'autre part, parce que retirer un téléphone ne suffit pas à éviter le pire.
Se pose aussi la question de l'impact sur le tourisme. 700 000 français sont partis aux États-Unis en 2016, le pays est la deuxième destination avec 77 millions voyageurs par an en moyenne (chiffres Insee).
Donald Trump n'est donc pas encore prêt de jouer au Buzz l’Éclair des temps modernes. Une seule devise pour le moment : vers l'Amérique et la Trump Tower.
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